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Live in concert / Manu Katché, batt.
Musique audio
Edité par Harmonia Mundi. Arles - 2014
Un premier album enregistré en concert au New Morning en juin 2014, avant la parution d'un prochain album studio. Ce lundi soir de juin, une ambiance particulière règne à l'intérieur du New Morning. On sent qu'un public fidèle de connaisseurs s'est déplacé. Dès que Manu Katché lance le concert, faisant claquer sa caisse claire et gronder ses fûts, on devine qu'il est venu pour nous faire voyager et qu'il va tout donner. Sa grosse caisse mate, autoritaire, ponctuée d'éclairs de cymbales, ses baguettes qui s'envolent et retombent en souplesse, expriment d'emblée cette dynamique si élégante, caractéristique de son jeu et devenue sa signature. Sous sa casquette beige, un large sourire éclaire son immense envie de jouer. Dans l'air, un moment exceptionnel se prépare. Le quartet présent sur scène a joué 130 concerts l'année dernière, ce qui lui donne une cohésion impressionnante, avec un son d'une superbe épaisseur, qui emmène tout sur son passage. Arc-bouté sur les nappes d'orgue Hammond du subtil Jim Watson, le trompettiste Luca Aquino - qui remplace l'excellent Nils Petter Molvaer -, prend son envol. Dans sa sonorité percutante se faufile le même lyrisme velouté que Paolo Fresu, auprès duquel il a étudié. Les voix jumelles des saxophones de Tore Brunborg, ténor et soprano, proches de Jan Garbarek, dialoguent parfaitement avec les arabesques élégantes de la trompette. Jim Watson, dont la lourde responsabilité est d'assumer toutes les parties de basses avec son orgue B3, se montre aussi inspiré lorsqu'il s'installe au piano à queue. Ses quelques solos, dépouillés et ramassés, loins de toute virtuosité creuse, apportent une respiration bienvenue. Le savant mélange entre de discrets apports électroniques et une dominante acoustique constitue l'une des forces majeures de ce groupe. Quand on écoute attentivement, on s'aperçoit que ces musiciens mélangent habilement rigueur extrême et liberté créatrice, afin que tout reste possible. Ce quartet démontre son impressionnante maîtrise dans les changements d'ambiances. Il est aussi à l'aise avec les climats minimalistes qu'avec les passages musclés, parfois au bord du funk, lorsque surgit une nerveuse ligne de synthé-basse (" Keep On Trippin' " et " Beats & Bounce "). Dans la salle, l'ambiance est devenue totalement électrique. Malgré plusieurs rappels, le public n'est toujours pas rassasié. Manu remercie à nouveau chaleureusement les spectateurs, leur parlant comme à des amis.. Adroit, il parvient sans peine à leur faire reprendre en coeur le bref motif d'un ancien titre, " Snapshot ", obtenant alors une communion totale. Grâce à ces quelques notes, scandées ensemble, le partage entre la salle et le groupe devient physique, et la frontière entre la salle et la scène disparait.